| L’église Saint-Nicolas et Sainte-Alexandra
Cette église fut érigée entre 1858 et 1860, et doit son nom à l’empereur Nicolas 1er et son épouse. Outre son rôle de lieu de culte pour la grande communauté russe de la Côte d’Azur et des visiteurs en provenance de Russie, l’église de la rue Longchamp devait abriter une bibliothèque, et ce dès le projet même de sa construction. Le fonds était composé d’ouvrages précieux d’écrivains russes et étrangers.
Ce fut en ces murs que furent célébrés les funérailles du tsarévitch en 1865.
L’architecture de l’édifice est un délicat mélange des styles classique et moderne, à l’image de ce que l’on constate dans le reste de l’Europe. Pour des raisons politiques, le bâtiment devait se fondre discrètement dans son environnement, ce qui explique que le rez-de-chaussée rassemble la bibliothèque et les appartements, alors que l’église vouée aux fidèles est à l’étage. Tracée selon un plan en forme de croix grecque, cette dernière est éclairée par la lumière naturelle grâce à de nombreuses baies aux murs et autour de la coupole. Le riche décor intérieur rassemble des colonnes corinthiennes aux motifs végétaux et géométriques, que l’on retrouve sur d’autres parties de la décoration. L’iconostase fut donnée par l’impératrice Alexandra Feodorovna, et de nombreux objets de culte ou d’ornement furent offerts par des paroissiens ou des membres de la famille impériale. | |
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La cathédrale Saint-Nicolas
Naissance du projet
En 1896, lors d’un séjour de l’impératrice Marie Féodorovna, veuve d’Alexandre III, sur la Côte d’Azur, le père Serge Lioubimoff lui fait part du projet de construction d’une nouvelle église car celle de la rue Longchamp devenait trop petite. Ce projet parle à son coeur et elle trouve rapidement les aides nécessaires, notamment auprès de son fils Nicolas II. Elle accorde donc son haut patronage à la commission pour la construction d’une nouvelle église russe à Nice.
L’élaboration des plans fut rapidement confiée à M. T. Préobrajensky, Professeur à l’Académie impériale des beaux-Arts de St Petersbourg. Il imagina une composition à deux porches symétriques d’une grande force expressive.
Il fallut d’abord trouver les fonds, un maître d’œuvre qui suivrait le chantier sur place, puis le terrain. En effet, celui de la rue longchamp s’avére finalement trop petit et imbibé d’eau. Ce fut donc le site du parc Bermond (boulevard Tsarévitch) qui fut définitivement retenu après intervention de Marie Féodorovna auprès de Nicolas II.
Les débuts de la construction
La première pierre fut posée à la date anniversaire de la disparition du Tsarévitch lors d’une cérémonie réunissant la famille impériale, le clergé et les autorités en 1903.
Le chantier fut très complexe et par conséquent, beaucoup de chefs de travaux se suivirent jusqu’à la finalisation de la cathédrale. Hippolyte Chevallier (école centrale d’architecture) commença.
Le terrain étant composé de plusieurs couches successives de différentes matières (terre végétale, argileuse, sable, gravier, etc.), il fallut augmenter l’empâtement des fondations. C’est alors que Fombertaux (école des beaux-arts de Marseille) prit la succession. Ce dernier engage la société Burron en tant qu’entrepreneur. Les matériaux qu’il utilise ne conviennent pas et il s’en suivra une série de consultations d’experts à propos notamment du sable, des matériaux de maçonnerie, enduits, etc. Les avis divergents sèment le doute. C’est pourquoi Lucien Barbet (école supérieure des beaux-arts de Paris) remplaçant de Fombertaux, recommence les consultations. Il s’adjoint les services de l’entrepreneur Honoré Ausel pour la façade et les ornements qui seront scrupuleusement réalisés à partir des épures des calepins dessinés par M. T. Préobrajensky.
Mais à partir de 1904, les travaux prennent du retard pour plusieurs raisons : la guerre russo-japonaise, l’effondrement des actifs russes, la première crise révolutionnaire d’octobre 1905, puis des divergences entre Barbet et Préobrajensky concernant l’aménagement intérieur. L’architecte parviendra néanmoins à conserver l’autel et la sacristie à leur place originelle.
Puis les fonds manquent, c’est pourquoi le Tsar Nicolas II prélève 700 000 francs sur ses fonds personnels pour soutenir les travaux. Il nomme alors Golitsyne vice-président de la commission comme nouveau président. Ce dernier, gestionnaire efficace et déterminé, va financer d’importants travaux décoratifs.
Sous l’impulsion de Golitsyne, le chantier change encore de mains : Joseph Mars (école des beaux-arts de Paris) prend la suite en octobre 1909. Une grande partie des bases des porches et du clocher est déjà réalisée. Il reste les moulures, les encadrements sculptés, etc. Mais subissant comme ses prédécesseurs la pression de cet énorme chantier, il invoquera des raisons de santé et démissionnera le 29 octobre 1910 laissant les rennes à Henri Stoecklin (fils de Jules avec qui il signera de nombreux ouvrages sur Cannes) qui lui achèvera la cathédrale en décembre 1912. Il s’occupera plus particulièrement de la silhouette définitive du bâtiment, des parements, ornements, et détails typiquement "vieux russes". Il sculpte les volumes sur l’ossature en béton (choix audacieux et novateur pour l’époque) et travaille les contrastes de valeurs et de couleurs, et met en place un système ingénieux pour la collecte des eaux pluviales (afin d’éviter les traces de ruissellement) : la nouvelle cathédrale russe oscille entre tradition et modernité. La cathédrale se découvre enfin, par la jonction avec le boulevard Tsarévitch avec le percement de l’avenue Nicolas II.